Tsunami de Marc DUGAIN
Jamais je n’aurai lu ce livre si une amie ne me l’avait pas acheté ,
Il s’agit à priori d’un roman destiné à décrire la solitude du pouvoir.
Il se lit facilement ; la trame est romanesque et parfois même rocambolesque, voire à l’eau de roses.
Mais l’intérêt réel de ce livre se situe à un autre niveau : Marc Dugain décrit d’une manière fine la politique politicienne, que ce soit au niveau national ou international, qui mène tout droit le monde et l’univers à sa perte .
Je vous engage vivement à le lire et , pour cela , je vous en donne ci après quelques extraits :
« Tout concourt à replier l’individu sur lui-même.
La psychologie d’une personne se fonde en grande patrie sur l’altérité, le rapport et la confrontation physique à l’autre.
Les gens s’enferment progressivement derrière leurs écrans. Et l’aboutissement de cela, c’est que, quand des gens sont réunis,ils passent plus de temps sur leur téléphone avec des personnes éloignées qu’avec les personnes présentes, comme si, dans ces nouveaux rapports humains, on donnait une prime à l’éloignement.
A partir du moment où la technologie vous permet de vivre sans la présence des autres, par le télétravail, par exemple, beaucoup de gens s’enferment. ?
D’abord parce que l’autre est souvent source de gêne ou d’anxiété, on peut rapidement sombrer dans l’isolement.
Tout conduit naturellement à la création d’une fausse altérité par les réseaux sociaux, vos partenaires de jeux.
Sur internet, beaucoup se figurent que l’amour, c’est ce qu’offrent les sites pornographiques, et ils espèrent pouvoir faire la même chose à l’occasion d’un rendez-vous pris sur Tinder.
Bientôt, avec la réalité virtuelle, un casque spécial leur donnera l’impression de faire l’amour avec de vraies personnes, alors que ce seront des images 3D tellement convaincantes qu’ils auront le sentiment qu’en dehors de cette perfection virtuelle aucun partenaire ne vaut celui qui déclenche leur plaisir finalement virtuel.
La perte de l’altérité, c’est la voie ouverte au délire psychotique.
Ce sont les autres qui nous maintiennent dans la réalité ; quand ils disparaissent, on se perd en nous-mêmes.
Voilà pourquoi on constate une multiplication des psychoses…
Le marché et la technologie nous dictent notre mode de vie : celui qui vient enferme l’homme dans un monde dont il ne saura plus très bien ce qui est réel de ce qui est virtuel…
Comment concilier ce qui fait une civilisation avec des instincts de consommation sollicités jusqu’à l’addiction ?…
La société des gens sains regorge de maniaco-dépressifs, ,de pervers narcissiques et, encore plus généralement, d’individus victimes de névroses obsessionnelles, dont la consommation est le meilleur exemple. »
« Car nous, les démocrates, les bien-pensants, les grandes âmes, les cœurs vaillants, avons délocalisé notre production pour profiter des avantages d’une dictature amorale. Au nom du communisme, cette dictature met les travailleurs au pas et leur impose des conditions de travail et des salaires inacceptables pour des Occidentaux. Voilà une vérité que tout le monde connaît et qui n’est malgré tout pas toujours bonne à dire. »
« La France aime les grands mots.
La liberté d’expression est sur toutes les lèvres mais la réalité est loin d’être aussi simple.
Certains industriels ont investi dans la presse por la capacité de nuisance qu’elle représente. Et ils ne se privent pas de l’utiliser en contrepartie de faveurs ou de facilités de toutes sortes dans la poursuite de leurs entreprises. Ce qui fait de la liberté d’expression une notion toute relative.
En dehors du service public et de quelques journaux ou sites indépendants, la quasi-totalité des médias est sous contrôle ; c’est ça la vérité.
De même qu’elle a ses propres services de renseignements, la grande industrie a ses organes d’information ; et ce n’est pas toujours au bénéfice de la liberté d’informer, crois-moi !
Beaucoup de journalistes doivent naviguer entre l’autocensure et la dramatisation excessive de l’information pour vendre de l’audience et, donc, de la pub. »
« Vous, les industriels, vous avez abusé de votre pouvoir sur la demande des consommateurs.
Sans votre résistance et vos efforts pour cacher la tragédie qui se profilait, en achetant, par exemple, des brevets sur les énergies renouvelables pour les enterrer, la transition énergétique aurait commencé vingt ans plus tôt.
Votre obsession du profit au détriment du bien public qu’est l’environnement n’est que le moteur du consumérisme que vous avez développé chez les Français comme une névrose obsessionnelle.
Une fois les besoins essentiels satisfaits, on continue à consommer, par peur du vide. Et, comme vous le savez, la nature a horreur du vide , parce que c’est elle qui paye les pots cassés de notre incontinence. »
« Si Poutine était autopsié un jour, on s’apercevrait qu’il souffre probablement d’une atrophie de l’amygdale du cerveau, celle qui joue un rôle déterminant dans le processus de l’empathie…
En vingt ans de pouvoir, il a montré qu’après avoir laissé mourir d’asphixie des sous-mariniers de sa propre flotte, il a été capable de fomenter contre son peuple de faux attentats terriblement meurtriers pour asseoir son autorité, avant de se livrer à des massacres en Tchéchénie et en Syrie.
Pour moi, il est difficile de ne le décrire que comme une sorte d’impasse génétique et psychologique qui transforme l’animal doué de conscience en prédateur sanguinaire, cupide, dans la volonté d’accroître son territoire et ses richesses de mâle alpha.
Est-il bien pire quecertains de ses homologues américains comme Dick Cheney ou Bush junior ? C’est une question de pointe de vue et de perspectives.
Poutine a longtemps représenté l’avenir des structures mentales archaïques, en opposition à la civilisation qui compose habilement avec des intérêts contradictoires. Il ne sait que détruire, tout simplement, ou construire des représentations avantageuses de son pouvoir…
Le PIB de l’Espagne pour des ambitions démesurées, du pétrole et du gaz plein la cave pour accélérer le réchauffement climatique, des morgues encombrées de morts prématurés où se mèlent alcooliques et malades sans soins, l’espérance de vie la plus basse de l’Europe, une démographie effondrée, tout cela pour offrir un modèle de société basé sur le vol et la confiscation du bien public pour une mafia.
Pour sa défense, on peur dire que cette spoliation a commencé avant lui quand les oligarques et les Américains s’accordaient pour piller le sous-sol russe.
Une naïveté typique de l’idéologie libérale a conduit les politiques français à s’imaginer que faire du business avec Poutine allait le rendre plus civilisé.
Sans parler de ceux qui, de loin, s’imaginaient que*’il rendait sa grandeur au peuple russe après avoir mis fin au peu d’années de démocratie que le payas a connues dans son histoire qui est justement celle de la confiscation, quand la Russie des tsars peinait à abolir le servage et que l’idée socialiste était pervertie par Staline ?
Absurde !
Il pense protéger son pays des démocraties mitées par leurs obsessions sociétales et la dictature de « minorités décadentes » ; et c’est essentiellement cet aspect profondément réactionnaire qui lui a assuré son succès chez l’extrême droite française. »
« La démocratie est une croyance aussi forte qu’une religion.
Elle est aussi l’illusion de croire que l’électeur a autant de pouvoir entre les mains que les actionnaires des multinationales et leur laquais.
La démocratie, sous l’influence de ce pouvoir économique, s’est toujours arrangée pour que l’électeur n’ait pas à sa disposition un libre arbitre lui permettant d’éviter la caste des intermédiaires.
Jamais le libre arbitre des électeurs n’a été à ce point entamé par la perte de la culture, l’ignorance et la manipulation. Il semble avoir cédé sous la pression du cerveau archaïque et de ses addictions à la consommation et au jeu…
Il reste que le populisme qui prétend rendre ce pouvoir au peuple conduit à son contraire : la dictature d’un clan prétendument au service de ce peuple pour installer, comme c’est le cas en Russie, un modèle alternatif à la démocratie : la cleptocratie autoritaire.
Pas moins redoutable par son autoritarisme, le modèle chinois semble fondé sur un pacte de pouvoir absolu entre un parti, le parti communiste, et le peuple, pacte fondé sur le principe selon lequel ce parti peut restreindre toute forme de liberté à condition d’assurer sa prospérité…
Contrairement au modèle russe de spoliation organisée, le modèle chinois a un avenir pérenne comme modèle alternatif face à la faiblesse des démocraties. »
« Ce pays [la Russie]qui nous a pourtant donné Tchekov n’a connu qu’un seul régime, celui des tsars, blancs puis rouges puis bleus.
Ce qui les unit, c’est un mépris constant pour la vie humaine et pour le peuple.
Aucun pays n’est aussi conservateur des mécanismes de sa propre humiliation. Aucune nation n’est capable de discerner de la grandeur dans un tel asservissement. Le seul qui revienne et qui reparte, c’est Dieu, présenta aujourd’hui pour servir de couverture, déchu hier comme opium du peuple.
Poutine ne fait des tonnes avec son émissaire, un illuminé à la longue barbe, chef de l’Église orthodoxe. Tout ça s’accorde parfaitement avec son projet politique diamétralement opposé au message du Christ. Mais qu’importe : les textes sont faits pour être tordus jusqu’à ce qu’ils prennent la forme de ceux qui ne les ont pas lus mais qui s’en servent pour contenir ceux qu’ils oppriment. »
« J’ai rencontré un homme [Poutine] que je pensais d’un autre temps, que j’aurais volontiers vu au musée Grévin de la dictature, un primate imbu de pouvoir et de ses excès, si tant est que le primate mérite cette comparaison .Il suffit d’observer son regard pour comprendre qu’il est fasciné par l’apocalypse et la faculté qu’il a entre les mains d’éradiquer cette humanité qui va lui faire l’affront de lui survivre.
Ses enfants devraient suffire à lui donner une perspective au-delà de sa propre disparition, mais en le voyant, on a le sentiment que cela ne contribue pas à calmer sa fureur destructrice…
Il faut toujours se méfier des gringalets qui puisent dans les brimades de leur enfance une haine insatiable. »
« Ce sont les circonstances qui font les hommes.
Reagan était un acteur de série B et il a su se muer en shérif intraitable. Zelensky a montré qu’un comédien de seconde zone pouvait jouer durablement le rôle de chef de guerre à la Churchill. Trump a eu moins de difficulté à passer du méchant promoteur immobilier au méchant président de la première puissance mondiale.
Mais, dictateur, cela ne s’improvise pas ; c’est un travail de longue haleine qui demande de grandes aptitudes à se dissimuler dans un premier temps avant de montrer sa vrai nature. Mais celui qui a réussi par la terreur finit par avoir peur de tout. »
« Selon une note du renseignement intérieur, la guerre de l’eau est engagée dans les campagnes où elle pourrit les relations entre les gens.
La civilisation n’est un modèle que pour des gens rassasiés.
On ne va pas vers le meilleur des mondes. L’heure de vérité approche. »