La vie et la mort

Une belle vie de Virginie GRIMALDI

Comme d’habitude, Virginie Grimaldi brosse par petites touches les réalités de notre quotidien avec humour et tendresse. Nous connaissons tous les situations qu’elle décrit ; mais nous réagissons rarement avec cette force et cet amour des autres.

A découvrir !

« Je n’ai jamais été aussi terrifiée de ma vie. J’ai effleuré la perspective de la perdre [ma sœur], j’ai aperçu les contours d’un monde sans elle. Au seuil du manque, déjà, c’était irrespirable. Je n’ose imaginer quand on y entre totalement.

Je ne lui pose aucune question, pourtant, elles ont des centaines à habiter ma tête depuis son geste [une tentative de suicide]. Tout ce qui compte, c’est qu’elle est là. Debout.Vivante.

Je crève de connaître ses raisons, de savoir si elle y avait déjà pensé, si c’était une impulsion. Si elle ne supportait plus de vivre ou si elle voulait mourir. Si elle voulait quitter la souffrance ou la vie. La nuance est gigantesque.Je ne cesse de penser au désespoir qu’il faut atteindre pour en arriver à vouloir tout arrêter. La douleur que je ressens en imaginant sa détresse est parfois physique.J’ignore qi avoir partagé le même utérus nous confère le pouvoir de ressentir les émotions de l’autre, mais une chose est certaine : il existe un lien aussi inexplicable qu’impalpable entre frères et sœurs, le même qui nous permet de nous comprendre en un regard, de nous pardonner en une seconde, comme un pont sur lequel voyagent les sens, un lien qui nous lacère les entrailles quand l’autre souffre et nous transporte quand il est heureux. »

« J’aimerais pouvoir dire qu’elle [ma sœur] ne me manque pas…

Je ne sais pas encore comment on vit sans elle.Mais je suis debout.

Pire, je suis vivante.

Ma sœur avait raison.

Il y a encore des tas de scènes à jouer.

Je te le promets. Je vais bouffer la vie avant le générique.
Je le ressens dans chaque cellule de mon corps, comme une impulsion, un instinct, une urgence. Tout bat plus fort.

J’ouvre la main, et je peux presque tenir la sienne. »